Piano: Markiyan Popil, 20 ans, remporte le Concours International André Dumortier
MARTINE MERGEAY Publié le dimanche 18 septembre 2016 è 15h27 - Mis à jour le dimanche 18 septembre 2016 à 18h07
MUSIQUE / FESTIVALS Dans la récente interview donnée à La Libre Belgique, Michel Stockhem, président du jury du CIAD, rappelait que « la première fonction d'un concours est de permettre au jeune musicien de « se situer », vis-à-vis de tout ce qui touche à la vie musicale et à son métier / .. j et entre les concours du type Belfius (hélas disparu) et le Concours Reine Elisabeth qui ne vise que le sommet du niveau international, il faut des marches. » Au terme de la finale du Concours International André Dumortier, dont la limite d'âge est fixée à moins de 26 ans, on observera que la marche de ce dernier est quand même placée très haut. La finale s'est tenue à Leuze-en- Hainaut, commune impliquée dans le CIAD depuis ses débuts, et non plus dans la salle des fêtes de la Maison communale (à l'acoustique pour le moins ingrate) mais dans la belle Collégiale Saint-Pïerre, située juste à côté. Un peu de réverbération mais pas trop grâce à l'emplacement de l'orchestre (sous le jubé et son orgue historique), une jauge de public accrue et un environnement porteur: tout bénéfice pour la qualité de la soirée de samedi suivie par une audience nombreuse, multi..générationnelle et très concernée.
Ils avaient été 28 à être retenus (sur 48 candidatures en provenance du monde entier) et 19 à concourir. Au terme des épreuves, trois finalistes furent retenus pour la finale, avec, au programme, un des cinq concertos de Beethoven, au choix, en compagnie de la Chapelle Musicale de Toumai dirigée par Philippe Gérard.
Présidé par Michel Stockhem, directeur d'Art2 (Conservatoire de Mons), le jury comprenait: Evelyne Brancart, Pierre-Alain Volondat, Eliane Rodriguez (tous trois lauréats du Reine Elisabeth), Pascal Devoyon, et Hans Ryckelynck.
Trois lauréats, deux concertos, un vrai concert
Premier à se présenter, le Russe Ruben Kozin, 19 ans, était aussi le cadet de la session. De haute taille, physionomie encore inscrite dans les rondeurs de l'enfance (et du travail au clavier ... ), le candidat avait choisi le 3e concerto (de Beethoven). Outre une autorité naturelle paradoxalement combinée avec une sorte de timidité, on notera un jeu très personnel, inscrit dans des sonorités riches, travaillées, mais trop puissantes face à un « petit symphonique », et marqué, au début du moins, par une instabilité qui rendit délicat le dialogue avec l'orchestre. C'est d'ailleurs dans la première cadence (solo) que le jeune pianiste trouva réellement ses marques. Après l'introduction recueillie et poignante du Largo, on assistera à l'épanouissement progressif du soliste, de plus en plus libre, expressif et communicatif. Il recevra le Troisième prix.
Tout autre chose avec la Sud-Coréenne Yeon-Min Park, 25 ans, qui avait choisi le 4e concerto, et qui attesta d'emblée une musicalité, une imagination et un sens du discours - du drame, même, dans l'andante - fidèlement soutenus par ses moyens techniques. On notera un jeu fluide et dynamique, de belles couleurs et un raffinement très « classique» dans le choix des sonorités et la balance avec l'orchestre; on notera aussi que dans la tranche d'âge concernée par ce concours, 6 ans de plus ou de moins représente une énorme différence ... Yeon-Min Park obtiendra le Deuxième prix.
Peut-être un peu moins accompli que la consœur mais d'une stabilité et d'une éloquence magnifiques, l'Ukrainien Markiyan Popil, 20 ans, donna à son tour le 3e concerto, entrepris dans une gravité proche de la tension (le sourire viendra plus tard). Sonorité splendides, dans toutes les nuances, maîtrise des Intentions, stabilité à toute épreuve, Markiyan Popil atteste une maturité artistique exceptionnelle. Ce qui n'empêcha ni les surprises ni les prises de risque et établit, le soir de la finale, un lien électrique - et euphorique - avec l'orchestre et le public. Il recevra le Premier prix et le Prix spécial pour la meilleure interprétation de l'œuvre de Haofu Zhang, "Lune solitaire et silencieuse", imposée en demi-finale.
Piano: Markiyan Popil, 20 ans, remporte le Concours International André Dumortier
MARTINE MERGEAY Publié le dimanche 18 septembre 2016 è 15h27 - Mis à jour le dimanche 18 septembre 2016 à 18h07
MUSIQUE / FESTIVALS Dans la récente interview donnée à La Libre Belgique, Michel Stockhem, président du jury du CIAD, rappelait que « la première fonction d'un concours est de permettre au jeune musicien de « se situer », vis-à-vis de tout ce qui touche à la vie musicale et à son métier / .. j et entre les concours du type Belfius (hélas disparu) et le Concours Reine Elisabeth qui ne vise que le sommet du niveau international, il faut des marches. » Au terme de la finale du Concours International André Dumortier, dont la limite d'âge est fixée à moins de 26 ans, on observera que la marche de ce dernier est quand même placée très haut. La finale s'est tenue à Leuze-en- Hainaut, commune impliquée dans le CIAD depuis ses débuts, et non plus dans la salle des fêtes de la Maison communale (à l'acoustique pour le moins ingrate) mais dans la belle Collégiale Saint-Pïerre, située juste à côté. Un peu de réverbération mais pas trop grâce à l'emplacement de l'orchestre (sous le jubé et son orgue historique), une jauge de public accrue et un environnement porteur: tout bénéfice pour la qualité de la soirée de samedi suivie par une audience nombreuse, multi..générationnelle et très concernée.
Ils avaient été 28 à être retenus (sur 48 candidatures en provenance du monde entier) et 19 à concourir. Au terme des épreuves, trois finalistes furent retenus pour la finale, avec, au programme, un des cinq concertos de Beethoven, au choix, en compagnie de la Chapelle Musicale de Toumai dirigée par Philippe Gérard.
Présidé par Michel Stockhem, directeur d'Art2 (Conservatoire de Mons), le jury comprenait: Evelyne Brancart, Pierre-Alain Volondat, Eliane Rodriguez (tous trois lauréats du Reine Elisabeth), Pascal Devoyon, et Hans Ryckelynck.
Trois lauréats, deux concertos, un vrai concert
Premier à se présenter, le Russe Ruben Kozin, 19 ans, était aussi le cadet de la session. De haute taille, physionomie encore inscrite dans les rondeurs de l'enfance (et du travail au clavier ... ), le candidat avait choisi le 3e concerto (de Beethoven). Outre une autorité naturelle paradoxalement combinée avec une sorte de timidité, on notera un jeu très personnel, inscrit dans des sonorités riches, travaillées, mais trop puissantes face à un « petit symphonique », et marqué, au début du moins, par une instabilité qui rendit délicat le dialogue avec l'orchestre. C'est d'ailleurs dans la première cadence (solo) que le jeune pianiste trouva réellement ses marques. Après l'introduction recueillie et poignante du Largo, on assistera à l'épanouissement progressif du soliste, de plus en plus libre, expressif et communicatif. Il recevra le Troisième prix.
Tout autre chose avec la Sud-Coréenne Yeon-Min Park, 25 ans, qui avait choisi le 4e concerto, et qui attesta d'emblée une musicalité, une imagination et un sens du discours - du drame, même, dans l'andante - fidèlement soutenus par ses moyens techniques. On notera un jeu fluide et dynamique, de belles couleurs et un raffinement très « classique» dans le choix des sonorités et la balance avec l'orchestre; on notera aussi que dans la tranche d'âge concernée par ce concours, 6 ans de plus ou de moins représente une énorme différence ... Yeon-Min Park obtiendra le Deuxième prix.
Peut-être un peu moins accompli que la consœur mais d'une stabilité et d'une éloquence magnifiques, l'Ukrainien Markiyan Popil, 20 ans, donna à son tour le 3e concerto, entrepris dans une gravité proche de la tension (le sourire viendra plus tard). Sonorité splendides, dans toutes les nuances, maîtrise des Intentions, stabilité à toute épreuve, Markiyan Popil atteste une maturité artistique exceptionnelle. Ce qui n'empêcha ni les surprises ni les prises de risque et établit, le soir de la finale, un lien électrique - et euphorique - avec l'orchestre et le public. Il recevra le Premier prix et le Prix spécial pour la meilleure interprétation de l'œuvre de Haofu Zhang, "Lune solitaire et silencieuse", imposée en demi-finale.