La musique est en somme, un langage lié à l’Universel et qui exprime la Beauté. C’est donc pour moi le reflet de ce qui est défini par les uns comme l’Eternel, par les autres l’Infini ou encore l’Absolu.
André Dumortier, pianiste, ( 1910 - 2004 )

L’enseignement d’André Dumortier a profondément marqué de nombreuses générations de musiciens. Parmi eux, on compte non seulement des pianistes, mais aussi des chefs d’orchestre, des compositeurs et des instrumentistes de diverses disciplines. C’est essentiellement le regard qu’il posait sur les œuvres qui fascinait ses étudiants. Ses cours étaient avant tout des leçons de musique. Doué d’une vaste culture, il avait une grande passion pour la philosophie, s’intéressait de près aux arts en général et, dans le domaine qui était spécifiquement le sien, il cherchait éperdument ce qui est au cœur des partitions. Sa curiosité était vive, toujours en éveil, ouverte à tous les courants de la création musicale.

Brillant virtuose, héritier de la tradition lisztienne, André Dumortier a été lauréat du Concours international Eugène Ysaÿe, en 1938. Il s’est distingué en présence d’autres grands noms, Emile GUILELSMoura LYMPANY (Mary JOHNSTONE), Jacob FLIER, Arturo BENEDETTI MICHELANGELI et Rose SCHMIDT , et quelques autres pianistes qui ont marqué leur époque. Son répertoire était très étendu. Il jouait de nombreux Concertos ( W.A.Mozart, L.v.Beethoven, F.Liszt, P.I.Tchaikovsky, S.Prokofiev, J.Absil, L.Jongen, C.M.von Weber  ). Il pratiquait le récital avec bravoure et élégance, et se distinguait tout particulièrement comme quartettiste. Il fut, pendant de nombreuses années, le pianiste du Quatuor belge de Londres.  Ses concerts l’ont conduit dans de nombreux pays d’Europe.  Il a laissé quelques beaux enregistrements dont la remarquable interprétation des deux sonates de César Franck (Prélude, Choral et Fugue ; Prélude, Aria et Final ). Formé au Conservatoire royal de Bruxelles, André Dumortier y fut titulaire d’une classe de piano pendant plusieurs dizaines d’années. Il a aussi dispensé son enseignement dans la prestigieuse Chapelle musicale Reine Elisabeth.

André Dumortier fut également le directeur inventif, infatigable et rayonnant du Conservatoire de Tournai, sa ville d’adoption. Dès 1954, il a activé la vie artistique de la ville avec les concerts du Conservatoire, le jumelage avec la Ville de Troyes, la naissance de la Maison de la Culture de Tournai. Au cours de sa retraite, et dès 1975, il organisait des cours de perfectionnement du piano , ce qui l’a conduit à créer une biennale destinée à de jeunes talents des conservatoires belges, français et luxembourgeois. Cette biennale préfigure le Concours International créé en 2003, sous l’impulsion du Compositeur et Chef d’orchestre Pierre Bartholomée, un de ses anciens élèves pianistes. 

En 1988, au cours d’une première série d’entretiens avec la RTBF, André Dumortier résumait en quelques mots les liens qui unissent la musique à la spiritualité : “La musique est, en somme, un langage lié à l’Universel et qui exprime la Beauté. C’est donc pour moi le reflet de ce qui est défini par les uns comme l’Eternel, par les autres comme l’Infini ou encore l’Absolu”.

Dans les jardins du Palais Royal de Laeken,  les 12 lauréats du Concours Eugène Ysaye – 1938 

André Dumortier – 1938

Le Quatuor belge de Londres – 1955

Arie Van de Moortel (alto), Maurice Dambois (cello), Maurice Raskin (violon),  et André Dumortier (piano)

 

André Dumortier dans son studio – 1990

Classe de perfectionnement d’été – 1980

Hommage à André DUMORTIER, de Pierre et de Francette BARTHOLOMEE – 2004

“Notre Maître tant aimé est parti pour un autre monde. Il entre dans l’Inconnaissable et le Mystère dont, seules, peut-être, la Musique et la Poésie détiennent quelques clés. Il nous a appris tant de choses. Il nous a merveilleusement et si simplement éveillés aux œuvres et à la Beauté. Il travaillait sans cesse. Il y a quelques semaines à peine, ses messages étaient toute recherche d’idéal et de vérité. Ce Maître s’en est allé mais il ne nous quittera pas. Sa générosité, sa simplicité, son humour, nous voulons leur demeurer fidèles. Comme à sa force et à sa foi en la vie. Cette petite flamme dont il parlait souvent, la petite flamme qui résiste aux jours difficiles et aux moments de doute, la petite flamme qui, toujours fragile mais volontaire, donne tout ce qu’elle peut donner de lumière, c’est lui qui l’a allumée en nous. Elle ne s’éteindra pas.

Lien  WIKIPEDIA :  https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Dumortier